Hygiène et vie quotidienne au Moyen Âge : entre mythes et réalités

« Au Moyen-Âge, l’hygiène était déplorable dans toutes les classes de la société ; que vous soyez mendiant ou chevalier, c’était preux ou pou la même chose. » – Marc Escayrol

On imagine souvent le Moyen Âge comme une époque sale, où les gens vivaient dans la crasse, sans jamais se laver. Si certains clichés ont la vie dure, la réalité de l’hygiène médiévale est bien plus nuancée, et parfois même surprenante.

Se laver, un geste quotidien… ou presque

Contrairement aux idées reçues, les médiévaux se lavaient. Certes, il ne s’agissait pas de longues douches quotidiennes comme aujourd’hui, mais les gestes de propreté étaient bien présents. On se lavait le visage, les mains, les pieds, souvent avec de l’eau tiède. Le savon existait, à base de graisse animale et de cendre, tout comme des parfums ou eaux florales.

Les bains publics étaient communs dans les villes, notamment au XIIIe siècle. Il ne s’agissait pas seulement de se laver : c’étaient aussi des lieux de sociabilité. Mais à partir du XIVe siècle, avec les épidémies de peste noire, ces bains ont été peu à peu perçus comme dangereux, accusés de « dilater les pores » et d’ouvrir le corps à la maladie.

Toilettes, odeurs et gestion des déchets

Les latrines existaient, dans les châteaux comme dans certaines maisons bourgeoises, souvent en encorbellement pour laisser tomber les déchets à l’extérieur. Les plus pauvres utilisaient des seaux ou allaient dans la nature. Dans les villes, des fosses, canaux ou ruisseaux faisaient office d’égouts. Mais l’odeur était bien réelle, et l’air chargé. On portait des sachets d’herbes aromatiques pour se protéger des « miasmes », considérés comme vecteurs de maladie.

Rythmes et routines de la journée

La journée médiévale était rythmée par la lumière naturelle et les cloches. On se levait tôt, avec le soleil, pour vaquer aux tâches agricoles ou artisanales. Les repas étaient simples : pain, bouillie, légumes, parfois de la viande. On mangeait deux fois par jour, rarement plus.

Le travail, la prière et la communauté structuraient l’existence. Dans les campagnes, les saisons guidaient le rythme de vie. En ville, les métiers, les marchés et les fêtes marquaient le quotidien. Le dimanche était un jour particulier : on allait à l’église, on se retrouvait sur les places publiques.

Entre soins du corps et croyances

L’hygiène n’était pas qu’une affaire de propreté. Elle touchait aussi à l’équilibre du corps et de l’âme. La médecine médiévale reposait sur la théorie des humeurs, et recommandait certains régimes alimentaires, bains ou purges pour rester en santé.

On se coupait les cheveux, on limait ses ongles, on se parfumait parfois. Les femmes, notamment, prenaient soin de leur peau avec des recettes à base de plantes, d’œufs ou de miel. Il y avait une forme de coquetterie, même si la beauté devait rester modeste, surtout dans les milieux chrétiens.

Ainsi, le Moyen Âge n’était pas un âge d’ignorance hygiénique. Les gens vivaient simplement, avec les moyens de leur temps, mais ils cherchaient à prendre soin de leur corps, de leur environnement, et de leur santé. Leur rapport à l’hygiène était peut-être différent du nôtre, mais il était bel et bien présent.

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